PALMARÈS 2014 :

Meilleur long métrage documentaire, Grand Prix du Jury :

LE NÉON ET LE GOUDRON

Mention Spécial :

RETOUR SANS CIMETIÈRE

Prix de l’Espoir :

SANS ORDONNANCE

Meilleur court métrage :

LA FILLE DU RAIL

 

GRAND PRIX DU JURY :

LE NÉON ET LE GOUDRON
 

Fin 2004, depuis quelque temps, on ne parle plus que de ça : l’électricité va arriver bientôt dans ce village où l’on s’éclaire à la lueur de la lune, ou de celle des lampes à pétrole ou à huile, ou encore avec des torches à piles. Et dans la foulée, la route goudronnée viendra remplacer la vieille piste chaotique, qui n’a jamais été modernisée depuis l’époque de la colonisation, et qui est le seul lien avec le reste du monde, et avec la ville de Banfora à 50 km que l’on atteint au mieux en deux ou trois heure, qui est impraticable à la saison des pluies… Dans le village, protégé par les magnifiques « Pics de Sindou », concrétions granitiques magnifiques qui composent un massif sacré, la vie est calme, presque semblable à ce qu’elle était il y a 500 ans à la création du village. Activités artisanales traditionnelles, rites animistes, activités des champs…
 
Mais on attend, calmement. Le courant va changer la vie du village, permettre à chacun de gagner plus d’argent, les jeunes auront du boulot, les commerçants vont prospérer, les producteurs agricoles vont pouvoir écouler le fruit de leur travail, beaucoup de gens vont venir s’installer, ceux qui ont quitté le village pour faire leur vie ailleurs vont revenir, des quartiers entiers vont surgir du sol… L’attente est forte, chacun(e) se projette dans un avenir radieux, moderne…
 
Le film s’installe dans cette longue attente, partage le quotidien des femmes, des hommes et de enfants, écoute ces espoirs, ces plans sur la comète électricité… et en montre la progression, entre temps immuable et temps perturbé…
 
NOTE DU LAURÉAT
 
Je voudrais d’abord remercier le festival d’avoir sélectionné puis primé mon film. Et je vous pris d’excuser mon absence en cette circonstance, due à l’éloignement et au fait que je suis en ce moment même pris par le tournage d’un nouveau film.
 
Le Néon et le Goudron qui a bénéficié d’un préachat par Canal France International (CFI) a été diffusé par plusieurs télévisions nationales dans différents pays d’Afrique de l’Ouest, dont le Burkina Faso où il a été tourné.
 
En France, il connaît une distribution que je qualifierai d’intimiste : festivals, séances spéciales, circuit culturel et associatif…
 
La projection de mon film dans le cadre de Docs Afrique(s) lui ouvre de nouvelles opportunités puisque plusieurs spectateurs m’ont demandé, après l’avoir vu, de pouvoir le programmer.
 
J’espère que cette récompense, qui couronne un film « au long cours » puisque que se sont écoulées dix années entre le moment où j’en ai eu l’idée et sa première projection publique au Fespaco 2013, puisque  que je suis allé huit fois dans le village de Sindou -une fois en repérages et sept fois en tournage- puisque le montage a duré six mois… j’espère donc que cette récompense va être une nouvelle étape pour le faire connaître, pour qu’il rencontre de nouveaux publics.
 
Merci aux organisateurs, merci aux membres du jury, merci à Claude Gilaizeau, le producteur qui m’a permis de mener à bien ce projet et à toutes celles et ceux, en France et surtout au Burkina Faso qui m’ont accompagné dans cette très belle aventure.
 
Et je dédie cette récompense, comme je l’ai fait pour le film, aux personnes qui y ont participé et qui n’ont pas vécu assez longtemps pour le voir projeté.
 
Denys Piningre

 

MENTION SPÉCIALE :

RETOUR SANS CIMETIÈRE
 

Ce film documentaire « Retour sans cimetière », tourné dans le village de Donaye en Mauritanie, à côté la frontière sénégalaise, où les négro-mauritaniens de l’ethnie Peul sont obligés d’enterrer leurs morts hors de leurs terres. Le sujet du film a causé l’exil forcé de Diaw, aujourd’hui accueilli par La Maison des journalistes.
 
Djibril Diaw a réalisé « Le retour Sans cimetières » pour que ses compatriotes et notamment les pouvoirs publics en prennent conscience mais surtout de déclencher un élan de solidarité et couper le silence sur les « cachotteries » qui entourent le retour des réfugiés mauritaniens au Sénégal.
 
Interview de Djibril Diaw :
Source : Rédaction Cridem
 
« Personnellement, lorsque j’ai entendu que les réfugiés mauritaniens allaient rentrer chez eux, j’étais content. Mais, quand je me suis rendu sur place, je n’en revenais pas.
 
Car, leurs conditions de vie sont lamentables. Je me suis donc dit qu’il fallait en parler pour les aider à refaire leur vie », je dénonce également l’absence d’une vrai politique de liberté d’expression sous toute ses formes , une semaine âpres le tournage en juillet 2013 de mon film , j’ai été saisie par le chef de Village de Donaye Amadou Wone pour m’informer de la visite du chef de la brigade de gendarmerie de Dar el barka venus chercher des infos sur mon équipe de tournage et moi et il me précise également que ce dernier l’a forcé à lui remettre nos contacts. Par la suite, j’ai averti mon cameraman Sidaty diallo qui malheureusement fut arrêté par la Brigade de la gendarmerie situé a la BMD pour avoir non seulement participé au tournage de mon film « Retour Sans Cimetière » mais aussi pour avoir fait un reportage sur l’Eau de Roche. Voila pourquoi je dénonce toujours cette arrestation qui constitue un frein a la liberté », explique Djibril Diaw.
 
« Je trouve que il y a encore beaucoup de sujets importants dans mon pays , voilà pourquoi je préfère pour l’instant ne pas me tourner vers les histoires qui existent sous d’autres cieux bien que cela soit important pour l’humanité », ajoute le Réalisateur et Journaliste Djibril Diaw.
 
Au bout du compte, une des leçons à retenir de son second long-métrage qui sera à l’affiche à, c’est que la loi du plus fort et l’injustice règnent toujours de main maître en Mauritanie. Et, en définitive, « Le retour Sans cimetières » s’insurge contre la main mise des agro-businessmen sur les terres de la vallée du fleuve Sénégal.

PRIX DE L’ESPOIR :

SANS ORDONNANCE

 
 
Aujourd’hui, le Nigéria est considéré en Afrique de l’Ouest comme la plaque tournante de la contrefaçon et de la revente de médicaments. Plusieurs usines ont vu le jour dans le pays, copiant illégalement les formules de médicaments importés des pays émergents et souvent périmés. Pays limitrophe, le Bénin et ses milliers de revendeurs profitent de ce marché noir très lucratif, développant ainsi un marché parallèle à celui des pharmacies reconnues par l’État.
Depuis l’Appel de Cotonou en octobre 2009, la fondation Chirac qui lutte pour un accès à la santé et à des médicaments de qualité ainsi que les hautes sphères gouvernementales burkinabées et béninoises mènent une bataille acharnée pour démanteler les réseaux de circulation de ces médicaments illicites dont les conséquences sur la santé sont dangereusement inconnues.
Le documentaire d’Évelyne Agli ne se fait pas le porte-drapeau de cette lutte certes légitime et noble, mais qui hélas ignore le microcosme économique qui découle de cette organisation. La réalisatrice suit ainsi le parcours quotidien de Gérard, chiromancien se prétendant médecin, et celui de deux femmes vendeuses de tisanes traditionnelles et de médicaments.
Dévoués corps et âme à leur travail, ces trois intermédiaires particuliers sont perçus par les habitants de Cotonou comme de véritables guérisseurs. Leurs plaquettes de pilules, moins dispendieuses que celles prescrites par les hôpitaux, leur assurent confiance et estime de la part de leur communauté. Tous trois doivent néanmoins faire profil bas lors des descentes de police, de peur de perdre la totalité de leurs marchandises.
Surconscients des risques que peuvent encourir leurs « patients » si la qualité des médicaments est douteuse, Gérard et les vendeuses veillent au grain en vérifiant les dates de péremption et en apprenant par cœur les posologies exactes.
Sans ordonnance dédiabolise le trafic clandestin en dénonçant les carences du système de santé béninois et en mettant en avant la débrouillardise et l’intelligence situationnelle des vendeurs de rue, exerçant souvent à perte, mais toujours par élan du cœur.
Toutefois, il ne faut pas s’y méprendre : le documentaire d’Évelyne Agli ne cautionne ni n’encourage en rien ce réseau médicamenteux parallèle. Déplaçant le débat sur le plan humain, il ne fait que signaler les mêmes véritables problèmes : le scepticisme populaire envers les institutions médicales et l’inaction du gouvernement à réformer le système de santé.

MEILLEUR COURT-MÉTRAGE :

LA FILLE DU RAIL

« Dans la tradition, la femme ne pouvait pas entrer dans la locomotive. C’était réservé seulement pour les hommes. Jamais je n’aurais imaginé qu’un jour je deviendrais cheminote. » Cependant, en 2008, lorsqu’elle apprend que Transrail recrute des électromécaniciens, elle tente sa chance. Elle est immédiatement révoquée : elle n’a pas le droit de s’inscrire au concours. Alima insiste, lutte et, de convocations en rendez-vous administratifs, parvient à obtenir une dérogation. Elle se retrouve alors face à vingt-deux hommes qui, comme elle, aspirent à intégrer la société. Seuls huit candidats seront retenus pour la formation. Alima est parmi eux et deviendra bientôt la première femme cheminot d’Afrique de l’Ouest.