Ma mort ne m’appartient pas

un film de Charles O’gust Kutu

Ma mort ne m'appartient pas


SYNOPSIS

Au détour d’une balade au cimetière, je me laisse emballer par le pittoresque de ce paysage de tombes qui s’étend devant moi. Mes pas me guident vers la tombe de mon père. Je me souviens des tiraillements qui ont eu lieu sur la nature de ses obsèques. Je réalise que la mort est une chose inéluctable. Un jour mon tour viendra. Dans quelles conditions interviendra t-elle pour moi!? Ou serai-je enterré ? Quels genres d’obsèques me seront!dédiées ? Mes vœux pourront-ils être exaucés ? A  partir de là commence pour moi la quête La quête pour savoir quelle pourrait être la nature de mes obsèques à moi, surtout quand on a pour habitude de dire qu’au Burkina Faso, il y a environ 40% de musulmans, 35% de chrétiens et 100% d’animistes. Cette quête me conduit tour à tour chez les acteurs du système funéraire croque-morts, musulmans, catholiques, animistes, pompes funèbres…



INFORMATIONS TECHNIQUES

• Film documentaire de 52’
• Couleur
• Format de projection: 16/9
• Son: Stéréo
• Auteur-réalisateur: Charles O’gust Kutu


BIOGRAPHIE DE CHARLES O’GUST KUTU

biographie de Charles O'gust Kutu

Alassane Diago Charles O’gust KUTU a embrassé la carrière cinématographique en 2002 après douze ans de journalisme. Du Journal du Jeudi à l’hebdomadaire L’Opinion, il a fait valoir ses talents de journaliste-reporter.

Avec son premier rôle dans Traque à Ouaga, il fait son entrée dans l’écurie des Films du Dromadaire de Boubakar DIALLO. Féru du 7ème art, il s’essaie à divers corps de métier (régie, scénario, réalisation).
Comédien dans 15 longs métrages et 5 séries TV, Charles O’gust KUTU a écrit les 5 premiers épisodes de la série TV Trois hommes un village de Jovial’Production.

En 2008, il suit une formation d’Assistant-réalisateur qu’il met en pratique sur les plateaux des Films du Dromadaire.
A la faveur d’une résidence d’écriture en documentaire de création en 2012, il développe et écrit son premier film documentaire Ma mort ne m’appartient pas.


NOTE D’INTENTION

Considérée par les uns comme la fin, par d’autres comme une étape de la vie, la mort reste cette  nébuleuse qui,  de  façon  consciente  ou  non,  nous  hante  de façon permanente. Son  évocation  provoque toujours chez l’homme des interrogations multiformes. De savoir si nous mourrons un jour n’est plus la question, c’est plutôt le quand, le comment de sa  venue qui nous inquiète pour la plupart. Depuis la nuit des temps les communautés du monde ont, dans leur culture, des comportements  spécifiques  face  à  la  mort.  Ces  rites  funéraires,  célébrés  de  diverses  manières  à  travers  la  planète, sont  toujours induits par la perception sociale de la mort. Au  Burkina,  seules  les  vieilles  personnes  parlent de leur mort,  de  leurs  obsèques.  Et  pourtant,  elle  n’a  pas  d’âge.  Martin  Steinegger  a  dit  « Dès  qu’un  homme  est  né,  il  est  assez  vieux  pour  mourir».

Nous  avons  tous  des  désirs  secrets  ou  avoués  sur  la  façon  dont  nous  souhaiterions  mourir  ou  être  enterré,  du  lieu,  bref  de  la  nature  de  nos  obsèques.  Pourquoi  alors  rejeter  toute  idée  de  penser à ce que seront nos obsèques ? 
 
Les  obsèques  sont  tributaires  de  l’appartenance  sociale  et  religieuse  du  défunt,  mais  aussi  des  parents  en  charge  du  cérémonial.  Les  contingences  d’ordre  religieuses,  matérielles  ou  même  idéologiques influent fortement la nature des obsèques. 
 
J’ai  encore  en  mémoire  les  tiraillements  qui  ont  émaillé  les  obsèques  de  notre  défunt  père  et  notre  grand-mère. Le  premier,  né  animiste,  pur  produit  de  l’école  coloniale  s’est  vu  affublé  du  prénom Charles avant même de sacrifier au baptême catholique. Lorsqu’il décida de se remarier  après le décès de notre mère, il jeta son dévolu sur une femme de confession musulmane. Obligé  alors  de  se  baptiser,  il  emprunta  le  nom  Aboubacar.  Homme  de  foi  certes, il  n’était  pratiquant  d’aucune  des  ces  religions.

A  son  décès  la  question  du  type  d’obsèques  fut  posée.  Mise  à  contribution sa  mère  décida  qu’on  l’absolve  selon  la  pratique  religieuse  de  la  majorité  de  ses  enfants. Quelques années plus tard, lorsque vint le tour de la grandAmère de rejoindre ses ancêtres, bien  que  baptisée  catholique,  on  assista  à  un  duo  funéraire  jamais  égalé.  Son  grand  âge  (110  ans)  ordonnait  qu’on  lui  rende  un  hommage  bien  mérité.  Sa  communauté  d’origine  insista  pour  lui  offrir  des  funérailles  traditionnelles  animistes    grandioses  pendant  que  la  communauté  catholique s’évertuait à son requiem. Ces antagonismes sont hélas fréquents. 
  
Faces  à  ces  scènes,  j’en  viens  à  me  demander  ce  que  seront  mes  obsèques  à  moi.  Moi  le  fêtard,  amateur  de  bonnes  bières  et  de  fêtes  endiablées.  Sûr  que  mon  âme  s’accommodera  mal   d’obsèques  tristes  ou  des    hypocrites  vont  se  coltiner  avec  des  mines  d’enterrements  empruntées, juste le temps de voir déferler sur moi des mètres-cubes de terre en répétant mal à  propos  « que la terre lui soit légère ». 
 
Mes  obsèques,  je  vais  les  imaginer  à  travers  une  démarche  faite  de  monologues  et  d’entretiens  avec  les  différentes  communautés.  Tour  à  tour,  Musulmans, chrétiens et animistes me diront qu’est-ce qu’ils me réservent comme cérémonial pour marquer mon passage sur terre. En retour  je  vais  manifester  les  désirs  les  plus  saugrenus  qui  pourraient  être  miens  lorsque  viendra  pour  moi l’heure de quitter ce monde. 
Est-ce que l’iman serait prêt à m’enterrer dans un cercueil avec plein de filles autours ? Pourquoi  les  animistes  n’oseraient  pas  ramener  ma  dépouille  pour  m’enterrer  à  domicile si cela était ma volonté ? Monsieur le curé accepteraitAil des pompom girls dans son église pendant mon absoute  si je le désire ? 
 
Autant de questions qui vont m’ouvrir les yeux sur une réalité. Ma mort ne m’appartient pas. 

Charles O’gust Kutu


SEANCE

Mercredi 3/12 – 11h à la Maison de l’Afrique


SALLE